Comment se construit l'identité sexuée

A partir de quand un enfant sait-il qu’il est un garçon ou une fille ? Et comment acquiert-il cette connaissance ? Psychanalyse, psychologie du développement, psychologie sociale se rencontrent pour traiter de cette question, que le grand chambardement induit par le succès de la théorie du genre rend particulièrement épineuse.

 

La psychanalyse s’intéresse à l’identité sexuée, c’est-à-dire au fait de se reconnaître comme garçon ou fille au regard de la différence des sexes. Pour Freud, l’identité sexuée se construit par le biais des processus d’identification au parent du même sexe, par la découverte de la différence anatomique des sexes et de sa conséquence principale, le primat du phallus. Cela conduit à la distinction « j’ai ou je n’ai pas », en l’occurrence à l’opposition phallique/châtré essentielle dans la dialectique du masculin et du féminin.

Le créateur de la psychanalyse pensait que ce cheminement psychique s’accomplissait au cours de la phase phallique, vers 3-4 ans, et qu’il débouchait sur le complexe d’Œdipe dans ses valences différentes pour les filles ou pour les garçons : prédominance de l’angoisse de castration pour les garçons, et du désir de pénis pour les filles. Les psychanalystes postérieurs à Freud qui se sont penchés sur cette question ont surtout insisté sur l’intérêt plus précoce que les enfants avaient pour la différence des sexes et pour leur propre identité sexuée. Il est généralement acquis par les psychanalystes que l’enfant a conscience de son identité sexuée entre 12 et 18 mois, c’est à dire lors d’une phase pré-oedipienne.

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L’assignation du genre

En psychologie du développement, c’est le concept d’identité de genre qui est privilégié : il s’agit du sentiment d’appartenance au genre masculin ou féminin indépendamment de considérations liées au sexe. Les recherches sur les capacités cognitives du nourrisson nous apprennent que le bébé est capable très précocement de quantifier, de catégoriser, de mémoriser. Ainsi, dès 5-7 mois, le bébé est en mesure de distinguer les visages masculins des visages féminins, comme il peut séparer les animaux des objets inanimés et même, plus subtilement, les avions des oiseaux. Selon ce processus de catégorisation, l’enfant atteint vers deux ans le stade de l’identité de genre : il peut, au regard de caractéristiques physiques, se reconnaître garçon ou fille. Vers 3-4 ans, l’enfant parvient au stade de la stabilité de genre, comprenant que le genre est stable dans le temps. Puis vers 5 ans, il perçoit le genre comme constant quels que soient le temps et les situations : c’est la constance de genre.