Comment travaillent les psychologues scolaires ?

Rattachés aux Réseaux d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté (RASED), les psychologues scolaires, fonctionnaires de l’Education nationale, interviennent dans les écoles maternelles et primaires. Ils ont en charge plusieurs établissements d’un secteur (entre 8 et 34 selon qu’il s’agisse d’une grande ville ou d’un milieu rural), ce qui représente 1 000 à 3 000 enfants par psychologue. Ecoute, évaluation, médiation, conseil, formation sont leurs principales missions. Ce travail, ils l’exercent auprès des enfants avant tout, mais aussi en direction des familles et des équipes éducatives, et en lien avec les intervenants extérieurs. Ceci étant, quelles sont plus précisément les demandes qui leur sont adressées ? Comment y répondent-ils ? Comment sont-ils perçus par les différents acteurs ? Quelles sont leurs difficultés et leurs plaisirs au quotidien ? Questions auxquelles quatre psychologues scolaires ont accepté de répondre et dont les regards seront ici croisés.

Quelles sont les demandes ?

Lorsqu’un enfant rencontre des difficultés dans le cadre scolaire (problèmes de comportement ou de communication en classe, échec scolaire) et qu’aucune réponse pédagogique n’y remédie, l’enseignant fera appel au psychologue scolaire. Mais certaines situations familiales (séparation des parents, enfants rois), ou des problématiques personnelles (pas envie de grandir, phobie scolaire, manque de confiance en soi, tristesse) amènent aussi le psychologue scolaire à intervenir. Les parents peuvent d’ailleurs prendre directement contact avec le psychologue s’ils le souhaitent. Des acteurs extérieurs comme les orthophonistes, la MDPH (maison départementale du handicap), les CMP (centres médico-psychologiques) adressent aussi des enfants chez le psychologue scolaire. Et il arrive même que les enfants demandent eux-mêmes à le rencontrer. Il est également associé lorsqu’il s’agit d’accueillir des enfants présentant un handicap (moteur, mental ou un trouble de la personnalité), de trouver une solution d’orientation spécialisée lorsque l’école « n’y peut plus rien » (déficience intellectuelle importante) ou de proposer des aménagements au sein des établissements (demande d’un(e) aide de vie scolaire pour certains enfants).

Des réponses propres à chaque psychologue

Il est très difficile de dresser des généralités, de faire correspondre un type de réponse à un type de demande. Selon l’enfant, mais aussi selon le psychologue et la situation, la prise en charge sera différente. Michèle Gaubert estime que les bilans psychologiques représentent 90 % de ses interventions. Ils permettent d’évaluer la maturité cognitive et affective d’un enfant et se déroulent de la manière suivante : le psychologue rencontre les parents, puis reçoit l’enfant 2 ou 3 fois, puis revoit les parents pour une restitution. Ce bilan peut donner lieu à différentes propositions : la mise en place d’une pédagogie adaptée au sein de la classe en lien avec l’enseignant, l’orientation scolaire vers une structure adaptée, le suivi par des professionnels extérieurs (orthophonistes, pédopsychiatres…). Mais il arrive aussi que le psychologue effectue lui-même le suivi de certains enfants. Pour Michèle Gaubert, le psychologue scolaire ne doit pas suivre un enfant dont il a fait le bilan et vice versa. Elle choisit donc de prendre en charge des élèves dont les difficultés ne sont pas pathologiques à son sens, et qui se situent davantage sur le volet éducatif que scolaire (non-respect des règles, de l’autorité, bagarres, difficulté à trouver sa place à l’école…). Ces suivis représentent 5 à 10 enfants par an, et peuvent aller de 3 ou 4 séances à une année complète dans certains cas. Par contre, si l’enfant présente de graves troubles du comportement, qu’il n’entre pas dans les apprentissages et que les parents rencontrent des problèmes éducatifs, elle voit la famille et propose de consulter un psychologue ou de mettre en place une prise en charge médico-psychologique (CMP, CAMSP).