Qu’est-ce qui déclenche un conflit entre ados et parents ?
Généralement un désaccord. L’adolescent demande quelque chose à ses parents, par exemple sortir, mais ils refusent qu’il fréquente tel ou tel ami. C’est souvent lorsque les parents veulent mettre des règles précises, parfois un peu sévères, que l’ado a une impression d’injustice, par exemple s’il n’a jamais le droit d’aller à une fête ou à un anniversaire.
Pourquoi a-t-on du mal à parler avec ses parents, et pourquoi est-on violent avec eux ?
L’adolescent n’est pas forcément violent sur le plan physique, heureusement, mais dans la mesure où ce sont les parents qui apprennent à parler quand on est tout petit, on a l’impression, quand on est adolescent, qu’ils détiennent le domaine du langage, qu’ils parlent mieux que nous, qu’ils savent mieux exprimer leurs pensées, leurs idées. L’adolescent ne se sent pas sur son terrain, il a du mal à choisir ses mots. Comme il y a forcément aussi un peu d’impulsivité durant l’adolescence, il préfère s’exprimer par des gestes ou par des actes : par exemple, si les parents font des reproches à un ado pendant le repas, au bout d’un moment il n’aura plus envie de répondre et va donc se lever de table brusquement pour monter dans sa chambre. C’est violent dans la mesure où il s’agit d’une rupture de la conversation, et ça risque d’entraîner des réponses de la part des parents : « Tu ne me parles pas comme ça, reviens à table ! ». C’est compliqué aussi pour les frères et sœurs qui assistent à ça, surtout s’ils sont plus jeunes, avec la peur de se prendre des balles perdues.
Est-ce qu’un conflit est inévitable entre parents et adolescents ?
Oui, parce que forcément on n’est pas d’accord sur certaines choses. Je suppose que tu as envie de jeux vidéo ou d’aller sur Facebook mais que les parents préfèrent que tu fasses tes devoirs d’abord : c’est une source de tension. Il est donc normal et habituel d’être en conflit. Mais ce qu’il faut, c’est faire en sorte qu’il se déroule de manière modérée. Bien sûr il ne faut pas en venir aux mains, ni d’un côté ni de l’autre, mais il faut faire attention aux mots qu’on utilise. Les ados sont habitués à dire des gros mots entre eux, mais insulter ses parents, ce n’est pas pareil. Après, tout le monde s’en veut, tout le monde est malheureux.
Est-ce que les conflits sont plus fréquents avec les parents qu’avec les frères et sœurs ?
C’est une bonne question… Non, c’est à peu près pareil. Mais les conflits entre frères et sœurs dépendent de l’attitude des parents. Si les parents font des différences entre les enfants, en disant par exemple « Joséphine travaille super bien, tandis que Mathieu est un feignant », Joséphine et Mathieu vont peut-être finir par se détester, en tout cas se retrouver en conflit, en rivalité. Ce sont des choses qu’on observe souvent. On dit toujours que ce n’est pas facile d’être un aîné, c’est vrai : moi-même j’en étais un dans une fratrie de trois enfants, et l’aîné essuie un peu les plâtres. Mais ce n’est pas facile non plus d’être le petit dernier, parce qu’on a l’impression qu’on ne va pas nous laisser faire énormément de choses. Celui du milieu ne trouve pas de place facilement non plus. Finalement, il n’y a aucune bonne place dans une fratrie ! Les parents doivent donc s’efforcer de traiter tout le monde avec le même respect. Il y a des différences en fonction de l’âge, par exemple par rapport à l’argent de poche ou aux autorisations de sortie, c’est normal : le grand frère de 18 ans se voit autoriser plus de choses que la jeune fille de 12 ans. Pour autant, il faut que ce soit juste, pas inégalitaire, et que les enfants essaient de ne pas être trop jaloux les uns les autres : dans une fratrie, c’est souvent la jalousie qui fait dire du mal. Il ne faut surtout pas céder à des histoires de vengeance. Si ta sœur emprunte quelque chose dans ta chambre sans te demander la permission, attention de ne pas pratiquer la politique de l’œil pour œil, dent pour dent. Parce que personne ne s’arrête, et ça va augmenter en intensité.