Complotisme

Avons-nous nié l’existence de complots ?

À propos de notre dossier « Complotisme désinformation, rumeurs », nous avons reçu quelques remarques critiques, dont celle de Jean-François Carquet :

Bonjour,

Dans votre dossier d’avril (n° 346), l’article « Une grande vague de complotisme » m’amène à réagir. À sa lecture, penser qu’il existe des complots relève, je cite, « de la croyance », « d’une vision du monde », « de personnes qui ont le sentiment de n’avoir pas réussi leur vie », « d’une manifestation de la pensée magique », « d’échapper à l’anxiété liée au sentiment de la marche chaotique du monde », « de personnalités un peu narcissiques avec une estime de soi plutôt faible », « de biais cognitifs »…Sans forcément nier ces dimensions, il y en a une qui n’est pas citée (et qui rend l’article manichéen) : au vu des enjeux politiques, financiers, géostratégiques, au cours de l’histoire, il y a eu et il y aura des complots ! Un exemple : lors de l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003 sous le prétexte de preuves de la détention par Saddam Hussein d’armes de destruction massive, les personnes qui auraient parlé d’un possible complot auraient alors été traitées de complotistes, avec toutes les caractéristiques citées plus haut. Or on sait aujourd’hui que ces preuves avaient été créées de toutes pièces par ceux (au plus haut niveau de l’État) qui voulaient une telle guerre (notamment pour contrôler la rente pétrolière de l’Irak). En somme, voir des complots partout est peut-être une forme de déviance, mais penser qu’il n’en existe pas est sûrement une forme de naïveté. Aussi, un tel article, peu nuancé, est selon moi plutôt de nature à renforcer le sentiment des complotistes, en ignorant complètement la réalité de certains complots.  J.-F. Carquet