Assistons-nous à la fin du travail ? A une montée irréversible de la précarité ? La réduction du travail est-elle suffisante ? Faut-il mettre en place une allocation universelle ? Un Revenu d'existence ? Le SMIC est-il un frein aux embauches ?... Tels sont quelques-uns des débats que l'épineux problème du chômage de masse aura suscités au cours de ces dernières années.
De son poste de directeur du mensuel Alternatives économiques, Denis Clerc a pu les suivre dans le détail. Il nous en rappelle les termes exacts non sans tordre au passage le cou à quelques idées reçues. Exemple : les minima sociaux (RMIstes, allocation logement...) ; selon les partisans du workfare (des allocations contre l'occupation du premier emploi qui se présente), ils dissuaderaient les chômeurs de retourner rapidement sur le marché du travail. Faux, répond l'auteur de Déchiffrer l'économie, chiffres à l'appui : les couples RMIstes avec deux enfants et allocation logement - l'exemple le plus souvent cité par les partisans du workfare - ne représentent que 3,6 % des RMIstes, soit 32 000 familles. Parmi les multiples solutions esquissées pour éviter la « trappe à l'inactivité » mais également la précarité, D. Clerc fait sienne l'idée d'« allocation compensatrice de revenu » plutôt que celle d'« allocation universelle » ou de « revenu d'existence ».
Comme celui de G. Aznar, son ouvrage rompt avec la morosité ambiante d'un temps pas si éloigné. Tout au plus apporte-t-il un bémol à un excès d'optimisme en pointant le risque d'oublier une autre question épineuse : celle de la pauvreté.