Courrier des lecteurs

Quand les extrêmes se rejoignent

De Claude Luzy, résidant à Paris 13e, nous avons reçu ce commentaire intéressant.

Je viens de recevoir et de survoler votre n° 298, et je suis tombé sur l’encadré de la page 20 intitulé « D’où vient le négationnisme ? »

Vous écrivez que « cette approche déformant l’histoire (pour ne pas dire plus…) émane essentiellement de l’extrême droite, mais aussi de certains militants de l’ultragauche ».

En effet, avant que l’on parle d’ultragauche, Paul Rassinier, ancien déporté et ex-militant socialiste passé ensuite à la Fédération anarchiste suite à son exclusion de la SFIO, a mis en doute l’existence des chambres à gaz. Il s’éloigne ensuite des anarchistes et, en 1950, fait publier Le Mensonge d’Ulysse, où il développe des thèses contestant la réalité de la Shoah. Les racines du négationnisme sont donc complexes…

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La Vieille Taupe, éditeur d’une certaine ultragauche, a par la suite largement repris les idées de P. Rassinier, ainsi que celles des « bordiguistes » (d’après Amadeo Bordiga, ancien dirigeant du PC italien). Mes lectures sont anciennes, mais je crois me souvenir que, d’un point de vue marxiste, il était inconcevable que la force de travail représentée par les déportés n’ait pas été exploitée, comme le voudrait la logique même du capitalisme. Donc, pour ces bordiguistes, les exécutions massives de Juifs ne pouvaient être qu’une invention…

Je profite de l’occasion pour féliciter toute l’équipe de Sciences Humaines. Merci pour la qualité des informations et l’éclectisme des sujets. Je suis votre lecteur depuis la « présérie » quand Sciences Humaines n’était encore qu’un bulletin artisanal !

Claude Luzy