Courrier des lecteurs

Cours en ligne : corrélation n’est pas raison

En commentaire critique de l’article « Cours en ligne : peut-on vraiment réussir à distance ? » (Sciences Humaines, n° 299, janvier 2018, p. 10), Gabrielle Berard-Fabreluce nous a fait part de son expérience.

J’ai 33 ans et deux enfants, je travaille à temps plein et je suis à distance des cours de psychologie à l’université Paris-VIII. Cela n’a pas été ma seule chance de faire des études supérieures, puisque je parle quatre langues et suis déjà détentrice (comme la majorité des étudiants à distance de ma promo) d’un diplôme bac + 5. Selon moi et mes camarades, l’interprétation des résultats donnée dans cet article est particulièrement superficielle. En effet, où est-il fait mention que l’immense majorité des étudiants inscrits à distance le sont parce que leur situation personnelle (mère au foyer, handicap, travail à temps complet ou partiel) ne leur permet pas d’assister aux cours sur place ? Au lieu de suggérer que c’est la distance qui affecte les résultats de l’étudiant, il conviendrait de se demander si ce ne sont pas les raisons mêmes qui ont pesé sur leur choix qui augmentent les risques d’échec. Pour obtenir un résultat significatif, donc, il faudrait comparer leurs performances avec celles des étudiants en présentiel qui ont aussi un travail à temps plein, des enfants ou un handicap. Enfin, il n’est fait nulle part mention des qualités particulières qu’on trouve chez les étudiants à distance, lesquels doivent mobiliser des ressources très importantes d’autodiscipline et de gestion du temps. La formation à distance est riche, elle permet de se reconvertir, de se spécialiser, de continuer d’acquérir de nouvelles compétences dans son secteur d’activité, de pouvoir améliorer ses perspectives de carrière. Il est à redouter que ce genre d’article, dénué de contexte et de méthode, mette un frein aux ardeurs d’éventuels postulants.