Courrier des lecteurs

Pour le PIB vert

L’article « Capitalocène : le capitalisme en procès », de Laurent Testot, figurant dans notre Abécédaire des idées d’aujourd’hui (n° 311, février 2019), a inspiré cette proposition à Jean-Luc Delbos.

Après avoir lu différents articles de votre « Abécédaire » du mois de février, j’ai été enthousiasmé par les informations et une idée un peu saugrenue m’a traversé. Les solutions recherchées pour changer les mentalités et améliorer les problèmes d’impact écologique ne seraient-elles pas à trouver dans le champ de l’économie ? L’économie est la science des coûts, si je me souviens de mes universités. Et donc n’y aurait-il pas avantage à faire en sorte que le coût carbone des produits (impact à la fabrication, à l’utilisation, au recyclage, etc.) soit intégré dans le calcul du PIB ? Cela pourrait changer notre rapport aux richesses et à la production. Enfin, c’est peut-être une question candide, mais j’aimerais connaître votre opinion sur ce point et sur les limites de cette idée. S’il existe des écrits sur ce sujet, je serais friand d’en connaître les références.

Bien cordialement

Jean-Luc Delbos

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Votre idée est intéressante, mais aurait besoin d’être précisée. La cotation des émissions de carbone existe, mais dans une partie seulement des pays de la planète, et l’établissement de la valeur des quotas est l’objet de débats. Ensuite le calcul du PIB, tel qu’il s’effectue actuellement, se contente de faire la somme de toutes les dépenses effectuées sans s’occuper de leur caractère plus ou moins nuisible pour le bien-être, le climat ou les ressources naturelles. Il ne fait pas de différence entre une dépense d’énergie renouvelable et une dépense d’énergie fossile. Et c’est bien ce que lui reprochent nombre d’experts soucieux de développement soutenable, et qui militent pour l’adoption d’autres indicateurs tels que PIB Vert, indices de bien-être et mesures d’empreinte écologique. Vous trouverez de quoi enrichir votre réflexion, par exemple, dans les publications de Florence Jany-Catrice et Jean Gadrey (Les Nouveaux Indicateurs de richesse, 4e éd., 2016) ou de Dominique Méda (Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse, 2008).