COVID-19 : les conséquences psychologiques

Si le décompte des personnes décédées du COVID-19 est égrené chaque jour, les conséquences psychologiques sont moins mesurables et passent parfois inaperçues. Elles sont pourtant massives, et les prendre en compte est également une question de santé publique.

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«No one is innocent » n’est pas seulement un groupe de heavy metal. C’est également une pensée qui traverse chacun d’entre nous depuis le début de la pandémie du nouveau Coronavirus. Difficile en effet de lutter contre cette petite voix qui nous souffle à l’oreille tout un tas de questions qui nous interrogent sur notre responsabilité dans la transmission de ce virus : « Je ne suis pas malade, mais cela veut-il dire pour autant que je n’ai pas contaminé une autre personne ? », « Est-ce que je suis malade car un membre de ma famille n’a pas respecté les mesures barrières ? ». Autant d’incertitudes qui nous rendent impuissants face au COVID-19 et qui peuvent entraîner des difficultés psychologiques.

Incertitude et impuissance

« Il faut distinguer l’anxiété par rapport au danger et la surprise par rapport à l’inconnu. Ce qui est difficile ce n’est pas uniquement le danger en lui-même car un danger connu nous ferait moins peur », explique Nicolas Neveux, psychiatre. En effet, dans nos sociétés occidentales, nous ne sommes pas habitués à nous trouver dans l’incapacité de combattre des menaces bactériologiques ou infectieuses. La dernière en date remonte à 1981 avec le VIH. Et même si le virus du SIDA fait encore des milliers de victimes, nous savons comment nous en protéger et l’avènement de la trithérapie a considérablement amélioré la qualité et la durée de vie des malades. Ce qui n’est pas encore le cas du COVID-19. « C’est un virus que l’on ne connaît pas encore bien. On est dans un vécu d’impuissance, car il est difficile de s’en prémunir et il n’existe pas encore de traitement préventif ni curatif », détaille Nicolas Neveux. D’après le psychiatre, cette situation nous ramène à notre caducité et met en exergue le fait que, malgré notre technologie, nous n’arrivons pas à nous protéger.

Autant de facteurs propices au développement de l’anxiété comme le rappelle Nathalie Girard-Dephanix, psychologue à Lyon spécialisée en Thérapies comportementales et cognitives : « Dans cette situation, c’est l’incertitude qui domine et c’est difficile à vivre, d’autant qu’elle dure et va durer. Sans parler forcément de troubles, on peut craindre le développement de peurs et d’inquiétudes à propos d’un grand nombre de choses : la propagation du virus, sa nature, sa portée ou encore son impact. On peut également avoir peur d’être infecté et d’infecter les autres, peur de symptômes bénins, peur pour les personnes vulnérables de notre entourage… Enfin, des peurs liées aux conséquences économiques et aux risques de licenciements et de faillites qu’elles engendrent. »