D’où viennent les néoconservateurs ?

Francis Fukuyama, Grasset, 2006, 92 p., 9 e.
« À écouter nombre d’analyses, on pourrait penser que le néoconservatisme est un microbe extraterrestre venu infecter le monde politique américain. » Face à l’échec de l’intervention militaire en Irak dont l’objectif était, selon l’élite néoconservatrice (Robert Kagan, Paul Wolfowitz, Irving et William Kristol, Norman Podhoretz), de transformer l’ensemble du Moyen-Orient à partir d’un Irak érigé en modèle démocratique, peut-on encore défendre les thèses des néoconservateurs ? Francis Fukuyama, l’auteur de La Fin de l’histoire, affirme que oui. Mais pour cela, il faut mettre en perspective « l’héritage néoconservateur non pas sur les cinq dernières années, mais sur les cinquan- te dernières ».
F. Fukuyama développe plusieurs lignes argumentatives visant à valoriser cet héritage et les penseurs qui l’ont constitué (Leo Strauss, Albert Wohlstetter). Il débouche finalement sur quatre principes, considérés comme le socle de la pensée néoconservatrice : « La conviction que le caractère interne des régimes des Etats a de l’importance (…), la conviction que la puissance américaine a été et doit être utilisée à des fins morales (…)(et)(…)Quelle que soit la valeur de ces arguments, le problème de ce livre vient d’ailleurs. Ce que nous lisons en français n’est que la traduction du quart d’un ouvrage plus vaste () consacré à une réflexion sur les liens entre puissance et démocratie. Du coup, l’ouvrage s’en tient à un exposé de philosophie politique, alors que F. Fukuyama visait à proposer une réflexion géopolitique sur la politique étrangère des Etats-Unis et le dévoiement de sa puissance.