Très tôt, les pouvoirs publics se sont employés à définir des critères de dangerosité et à mettre en œuvre les moyens de la prévenir – songeons au bannissement à Athènes, aux peines ecclésiastiques au Moyen Âge. Le véritable tournant vient au XIXe siècle : la psychiatrie passe progressivement d’une logique de discours médical et thérapeutique à la défense de l’ordre social. La loi du 30 juin 1838 autorise l’internement psychiatrique par le placement d’office. En 1876, dans L’Homme criminel, Cesare Lombroso popularise la notion d’« état dangereux ». Il soutient que la criminalité est innée et peut se déduire de caractéristiques physiques. En 1920, le juriste Jimenez de Asua définit cet état dangereux comme « la probabilité la plus manifeste qu’un sujet a de devenir auteur de délits ou de commettre de nouvelles infractions ». Le concept infiltre la vie politique judiciaire et pénitentiaire. Les régimes totalitaires l’adopteront d’emblée.
Marc Olano