Dans le piège du perfectionnisme

Éternels insatisfaits, les grands perfectionnistes cherchent moins à se dépasser qu’à éviter l’angoisse de l’échec. Quitte à y laisser leur santé !

Rechercher la perfection, un bien ou un mal ? A priori, le perfectionnisme peut être perçu comme une qualité, puisqu’un label de sérieux et de fiabilité lui est généralement accolé. Souci du détail, ponctualité, travail impeccable… : rien à redire ! Il peut cependant paraître excessif lorsqu’il donne le sentiment de dériver vers des comportements pointilleux à l’extrême.

Dans tous les cas, le perfectionnisme se caractérise par des niveaux d’exigence particulièrement élevés, voire irréalistes. Le plus souvent, il se traduit en outre par une tendance à se montrer fort critique par rapport à ses propres réalisations et, de ce fait, à accepter difficilement de ne pas atteindre les objectifs que l’on s’est assignés.

Le poids de l’échec

C’est ici que le bât blesse. Car, selon les chercheurs canadiens Paul Hewitt et Gordon Flett, tout échec par rapport à l’idéal poursuivi risquerait d’engendrer une détresse psychologique. Comme le souligne la professeure Céline Douilliez, de l’Institut de recherche en sciences psychologiques de l’Université catholique de Louvain, la personne perfectionniste pourrait alors se voir en proie à des ruminations ancrées dans l’autocritique, à des émotions négatives, telles que de la tristesse, de la colère vis-à-vis de soi, de la honte, ou encore à une anxiété liée à la peur d’un nouvel échec.

Mais ce n’est pas tout ! Les comportements peuvent devenir excessifs et rigides. Exemples : se préparer des mois à l’avance à une réunion professionnelle ou nettoyer sa maison de fond en comble avant de recevoir des amis. Sont également possibles des comportements d’évitement, comme renoncer à participer à une épreuve sportive de crainte de la perdre, ou de procrastination – remettre à plus tard une activité, toujours par peur de ne pas se sentir à la hauteur de ses standards de performance.