Déclin/Prévoir/Femmes remarquables

À propos de déclin

D’Annick Augé, professeure honoraire de lycée, agrégée de mathématiques, nous avons reçu cette réaction critique, qui pointe un débat très présent dans l’espace public.

Dans votre article « La montée du déclinisme culturel » (Sciences Humaines, n° 300, janvier 2018) vous me semblez déformer la pensée de certains auteurs, dont celle d’Alain Finkielkraut. Le camp des « antimodernes » se serait « cristallisé autour d’un objet à défendre », que vous définissez, ainsi que les menaces dont il serait l’objet, de façon contestable.

Il s’agit de notre héritage culturel, qui nous vient de la nuit des temps, enrichi à chaque génération par toutes sortes d’apports internes, externes, voire inattendus : Cervantès, l’algèbre des Babyloniens et le zen en font partie. Il ne se limite pas à ce qui est français mais intègre tout ce à quoi nous avons eu accès au cours des siècles et dont nous avons su comprendre la valeur pour ensuite nous l’approprier, comme un bien universel.

Amputer ou laisser disparaître ce précieux patrimoine, délibérément ou par inconscience serait un crime dont nos successeurs nous feraient porter la honte.

publicité

Notre patrimoine n’est pas une prétendue grande culture, à laquelle on accéderait par la lecture noble de grandes œuvres, ou par la fréquentation des musées, qui serait adoubée par une communauté ou une institution. Il est ouvert à la modernité, mais ne doit pas donner prise au divertissement au sens pascalien. En cela, les craintes d’Alain Finkielkraut me paraissent fondées. Enfin, la diversité doit être prise en compte, mais sans entraîner aucun appauvrissement de l’héritage de chacun.