Démocratie espagnole : l'héritage franquiste

A la mort de Franco, en 1975, toutes les hypothèses ont été faites concernant l'avenir de l'Espagne. Beaucoup considéraient que dans un pays sans culture démocratique, où les dissensions avaient par le passé revêtu une dimension tragique, il n'y avait guère de raisons d'être optimiste quant à la suite des événements. D'autres, parfois les mêmes, ont d'abord cru à un retour à la situation de guerre civile des années 30.

Ces craintes se sont pourtant rapidement révélées sans fondement. L'Espagne, en l'espace de quelques années, a donné tort aux sceptiques, installant la démocratie dans ses institutions et dans ses pratiques politiques. Mais les Espagnols étaient-ils pour autant devenus démocrates ? Comme le rappelle l'historien Santos Julia, qui propose une autre lecture de cette page récente de l'histoire espagnole, il s'est trouvé un certain nombre d'historiens et de politologues pour douter de l'ancrage de la démocratie dans les esprits. Les Espagnols, selon eux, avaient subi la transition démocratique plus qu'ils ne l'avaient voulue ; leur culture politique avait conservé certains traits du passé franquiste et il valait donc mieux par conséquent parler de postfranquisme que de transition démocratique.