Déprime ou dépression ?

Alors que la déprime désigne, en langage courant, une baisse de moral passagère, la dépression constitue une pathologie psychiatrique à part entière, chronique et récidivante. Elle se caractérise par une multitude de symptômes possibles, contrastant avec le comportement antérieur de la personne : tristesse permanente, pessimisme insondable, mémoire et concentration aléatoires, ralentissement des gestes et des pensées, sensations émoussées ou au contraire exacerbées, perte totale de plaisir… En toile de fond, un sentiment aigu d’autodépréciation, d’inutilité, voire de culpabilité, peut mener à la planification raisonnée du suicide. Il n’est pas rare que le dépressif souffre tout autant dans son corps et connaisse des problèmes respiratoires, alimentaires, sexuels (appauvrissement du désir, perturbation ou interruption des règles), mais aussi des douleurs abdominales, dorsales, des migraines, une fatigue harassante, des insomnies avec réveil précoce, ou à l’inverse une hypersomnie… Un patient sur deux ignore qu’une douleur physique peut être signe de dépression. Et pourtant, 82 % des dépressifs considèrent que leurs symptômes corporels, par leur intensité, affectent leurs relations sociales.En effet, cette nuée de symptômes plus ou moins diffus ne rend pas seulement la vie quotidienne éprouvante pour le dépressif : les personnes de son entourage sont souvent affectées par ricochet. Elles ne reconnaissent littéralement plus le dépressif, facilement soupçonné de n’être pas si malade que cela, de « trop s’écouter ». Il est donc très délicat pour elles de trouver le ton adéquat, ni culpabilisant, ni condescendant, ni évitant. Elles aussi, bien souvent, ont grand besoin d’une écoute professionnelle…
L’intensité et la durée des signes cliniques définissent plusieurs types de dépression, depuis les dysthymies (troubles de l’humeur) jusqu’au trouble dépressif majeur, le plus redoutable, à ne pas confondre avec les troubles anxieux, dominés par une inquiétude excessive. Dans le trouble bipolaire (l’ancienne « psychose maniaco-dépressive »), les phases de désespoir alternent avec une euphorie qui peut, dans certains cas, s’approcher du délire.