Des (9) causes de la dépression

Johann Hari, Chaque dépression a un sens. Causes méconnues et soins novateurs, Actes Sud, 2019, 388 pages, 23 euros.

«Il est difficile de décrire ce qu’on ressent lorsqu’on souffre de dépression ou d’anxiété aiguë. Ce sont des états si déstabilisants qu’ils semblent échapper au langage […]. » L’écrivain et essayiste britannique Johann Hari nous y embarque néanmoins avec une certaine habileté. Probablement parce qu’il en a lui-même souffert, ce qui lui a valu plusieurs décennies à s’alimenter d’antidépresseurs – et de poulet frit – avant de comprendre que les causes de son mal n’étaient sans doute pas que biologiques. C’est justement à partir de ce doute sur les origines de sa propension au désespoir et à l’abattement qu’est né cet ouvrage, dans lequel il partage les résultats de son périple de plusieurs années autour du globe à glaner ici et là des histoires, anecdotes et réflexions, au fil de ses rencontres avec, notamment, des scientifiques. En résulte un condensé des diverses « causes » de la dépression, parmi lesquelles l’« enfermement dans un travail privé de sens », la « perte du lien avec les autres », un « environnement de valeurs en toc » ou encore un « déni des traumatismes infantiles », « la séparation d’avec la nature », etc. Une évidence. Et pourtant… Ce plaidoyer contre le tout-biologique, même si l’auteur ne nie bien évidemment pas l’éventualité d’un substrat génétique et physiologique, n’en méritait pas moins de voir le jour. Charriant avec lui une piste de guérison essentielle : l’importance, dans un monde individualisé, de « recréer du lien ».