Depuis l'affaire Dutroux en Belgique, les violences sexuelles et actes « pédophiles » ne cessent d'être révélés par les médias. Les chiffres font tous apparaître de fortes augmentations de viols, actes incestueux, attentats sur mineurs et autres agressions. Cela pourrait laisser penser que le nombre de ces crimes est en augmentation dans nos sociétés.
Pourtant, depuis le xixe siècle, les statistiques contredisent toute thèse d'une aggravation de la violence en général dans les sociétés occidentales. Les spécialistes et les membres de la justice s'accordent à penser que cette croissance des délits répond en fait à un changement des sensibilités et de la « vision du crime », qui éclaire aujourd'hui des actes jusque-là négligés, voire occultés. Ainsi, le viol entre époux n'est devenu condamnable que depuis la loi de 1980. De même, dans les prisons, la loi du silence qui couvrait les abus sexuels tend à se briser, depuis que des condamnations ont été prononcées à ce sujet. Les viols de guerre n'avaient, eux non plus, jamais été aussi fortement dévoilés et dénoncés qu'à propos du conflit serbo-bosniaque.