Des crises naissent les changements

La société française a connu de profonds bouleversements depuis quelques années. Bilan de ce qui émerge, s’accélère ou, au contraire, ne change pas.

Voilà quelques semaines, la rédaction de Sciences Humaines s’est lancée dans un projet ambitieux : faire l’état des lieux de la société française, des multiples crises et mouvements sociaux qu’elle a rencontrés ces dernières années : Gilets jaunes en 2018, manifestations contre les retraites en 2019, mouvement Black Lives Matter en 2020 et, la même année, attentat terroriste contre le professeur d’histoire-géographie Samuel Paty… Le tout sur fond de crise environnementale et, depuis le début de l’année 2020, d’une crise liée à une pandémie mondiale d’une ampleur inédite.

Dans ce contexte, il s’agit de retracer les évolutions de la société française : ce qui s’accélère, ce qui émerge des situations nouvelles auxquelles le pays est confronté, et les problèmes plus anciens toujours pas résolus. Le tout sans se lancer dans des prospectives hasardeuses, ce que laissent prévoir les analyses parfois divergentes des spécialistes pour les années à venir.

• Ce qui s’accélère : la révolution numérique, la transition écologique, mais aussi les fractures sociales

La crise sanitaire de la covid-19 a précipité plusieurs évolutions amorcées auparavant. Le numérique est devenu indispensable au quotidien, que ce soit au travail (succès des plateformes de visioconférence comme Teams, Skype ou Zoom), pour consommer (développement du click and collect, des drives et plus largement des achats en ligne), dans les loisirs ou les relations sociales (les « apéros zoom », les applications de discussion instantanée comme WhatsApp, les réseaux sociaux tels que Facebook). Le télétravail s’est développé avec la crise sanitaire et les confinements qui en ont découlé. La France était à la traîne jusque-là car les organisations syndicales et les managers ne se montraient pas particulièrement enthousiastes, contrairement à d’autres pays (lire l'article). Ce mode de travail a gagné en légitimité grâce aux confinements. Il suscite aujourd’hui beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme.