Des dirigeants verts ?

Comment concilier efficacité économique et protection de l'environnement ? Suffirait-il d'intégrer des contraintes écologistes dans les choix des agents économiques, comme le proposent certains économistes ? La croissance économique s'épuisera-t-elle d'elle-même après avoir utilisé toutes les ressources de la planète, comme le pensent d'autres ? Pour dépasser ces discours contradictoires, Corinne Gendron a choisi d'étudier le discours de chefs d'entreprise québécois. Elle a constaté qu'ils s'accordent sur l'importance du problème. Quand ils considèrent les causes, ce sont les pays du Sud, les gouvernements ou les consommateurs qui sont incriminés.

Or, ces accusations du type « c'est pas moi, c'est l'autre » constituent, selon la sociologue, une « véritable défense de la part d'un secteur considéré [...] comme le principal responsable de la dégradation de l'environnement ». Quant aux solutions, elles doivent être apportées par l'Etat, les problèmes écologiques étant jugés, par nature, collectifs.

Du point de vue historique, ce discours a-t-il évolué et peut-on considérer que l'on « s'achemine vers un modèle de développement durable » ?

En fait, C. Gendron a constaté que la croissance économique, la consommation de masse et la protection de l'environnement n'apparaissent pas contradictoires aux yeux des dirigeants. Pour certains, ces éléments vont même de pair, la tertiarisation des économies occidentales étant de moins en moins gourmande en ressources naturelles.

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Ce bref aperçu des résultats de cette stimulante et innovante recherche, qui vient d'obtenir le prix de l'Institut de recherche en économie contemporaine (Irec) pour la meilleure thèse de doctorat, montre combien ces conceptions sont éloignées des discours écologistes. Arriverait-on à des conclusions identiques en France ?