Des «hasards heureux» en psychiatrie

La clinique Delacourt (le nom a été modifié) est un établissement psychiatrique situé à proximité d’une grande ville française. Il comporte un hôpital de jour accueillant un public de 15-25 ans, toutes pathologies confondues. L’équipe soignante est composée d’un psychiatre et de son assistant, d’infirmiers, d’éducateurs et ergothérapeutes. Le projet thérapeutique de la clinique donne une définition du soin assez énigmatique : « Le soin thérapeutique (...) sert surtout à créer les conditions pour que, selon l’expression de René Diatkine, des hasards heureux puissent survenir dans l’évolution des malades ». Quelle est au juste la nature des soins délivrés ? Cherche-t-on à guérir, et comment mesurer les résultats obtenus ? Le sociologue Baptiste Brossard a observé pendant plusieurs mois (1) les entretiens médicaux, familiaux, les « ateliers thérapeutiques », les réunions du personnel, ainsi que les réunions soignants/soignés. Le chercheur envisage le soin psychiatrique comme un « travail » comme les autres, comme un « ciment symbolique » entre professionnels, qui fait cependant l’objet d’incertitude sur son contenu.