L'Institut national d'études démographiques (Ined) s'est penché sur le cas des jeunes sans domicile fixe en procédant à une enquête auprès de 462 personnes de 16 à 24 ans, vivant à Paris et sa banlieue. Par-delà la diversité des parcours et des profils, des traits communs ressortent : ces jeunes SDF, en fait hébergés dans les services et lieux d'accueil aux personnes en grande difficulté, sont le plus souvent issus de milieux sociaux modestes ; ils sont par ailleurs généralement sans diplôme et d'origine étrangère.
La plupart déclarent avoir un père ouvrier ou exerçant une profession indépendante (dans l'agriculture, l'artisanat ou le commerce) ; mais ils sont aussi trois fois plus nombreux que la moyenne à déclarer ne pas connaître la profession de leur père. Si rares sont les jeunes interrogés à n'être jamais allés à l'école, plus de la moitié d'entre eux sont en échec scolaire (seuls 15 % déclarent être encore en cours d'études).
Ces jeunes, constatent encore l'Ined, sont trois fois plus souvent nés à l'étranger que la moyenne. Depuis l'âge de 14 ans, ils ont souvent changé de ville, voire de pays. Sans doute faut-il voir là un des facteurs de précarisation de leurs conditions de vie car, en entraînant une modification de la composition du groupe familial avec lequel ils vivent, ces migrations, écrit l'Ined, « peuvent affaiblir les solidarités familiales, de voisinage et entre pairs ». Sans préciser cette fois s'il s'agit d'un effet ou d'une cause, l'Ined constate encore la fréquence des événements graves survenus au cours de leur existence : décès d'un parent, tentative de suicide, sans oublier la guerre que certains ont dû fuir...
Comment parviennent-ils malgré tout à s'en sortir ? Souvent grâce à l'aide ponctuelle d'un frère ou d'une soeur : quand elle n'est pas en nature, il s'agit d'une place pour dormir, d'un repas ou d'un soutien moral. S'y ajoute la prise en charge institutionnelle, c'est-à-dire des centres d'accueil, que l'on devine cependant largement démunie pour faire face à la souffrance psychologique dans laquelle se trouvent ces jeunes sans domicile fixe et finalement sans jeunesse.
Références
M. Marpsat, J.-M. Firdion et M. Meron, « Le passé difficile des jeunes sans domicile », Population et sociétés, n° 363, décembre 2000.