800 habitants, un fleuriste, un libraire, une boulangerie et une épicerie. Ces atouts suffiront-ils à attirer un médecin ? Espérons-le. Sinon, cette petite commune de l’Yonne deviendra un désert médical comme tant d’autres. Certes, le Global Burden of Disease Study classe la France au 20e rang mondial en matière de santé. Mais près de 8 % de Français vivent dans une situation de « faible accessibilité » aux soins. C’est le constat fait par la Direction de la recherche du ministère de la Santé, la Drees, dans une étude intitulée « Déserts médicaux : comment les définir ? Comment les mesurer ? », parue en mai 2017. Compte tenu du vieillissement des médecins en exercice, ce taux risque d’atteindre rapidement 12 %. L’égalité républicaine est ici bien mise à mal…
Définir les déserts médicaux
En théorie pourtant, souligne la Drees, seuls 2 % des Français vivent à plus de 10 minutes de route d’un médecin généraliste, 2,5 % à plus de 10 minutes d’une pharmacie, et 6 % à plus de 30 minutes d’un service d’urgence. Mais la distance ne fait pas tout. D’abord, parce qu’il faut pouvoir s’y rendre. Or, près de 2 foyers sur 10 n’ont pas de véhicule motorisé. Ensuite, parce que la présence d’un médecin à proximité n’est guère utile s’il ne peut vous recevoir. Les patients se plaignent d’ailleurs plus des délais d’attente que de la distance. Depuis 2012, un nouvel indicateur a donc été construit : l’accessibilité potentielle localisée (APL). Exprimée en « nombre de consultations-visites » par habitant, elle intègre le nombre de médecins, leur localisation, mais aussi l’âge moyen de la population locale (plus on est vieux, plus on a besoin de soins). La carte de France qui ressort de ce calcul, disponible sur le site de l’Observatoire des territoires, montre que la France est un entrelac complexe de communes déshéritées et d’autres bien pourvues. On ne manque pas de médecin seulement au cœur de la Loire ou dans quelques vallées isolées des Hautes-Alpes, mais aussi dans des communes de banlieues parisiennes comme Argenteuil… D’ailleurs 1/5e de la population victime de cet isolement médical réside en Île-de-France. D’autres régions bien sûr sont concernées, comme la Corse ou les départements et régions d’Outre-mer. Ces dernières ont le triste privilège de détenir les records en la matière : entre 1 habitant sur 4 et 1 sur 5 y vivent dans une commune à faible accessibilité aux soins. Seule la Réunion fait figure d’exception.