« Dialoguer avec les sciences de la nature »

Je ne dissocierai pas la sociologie du mouvement général des sciences sociales, puisque les sciences sociales seront de plus en plus pluridisciplinaires et amenées à dialoguer, non seulement entre elles, mais également avec les sciences de la nature. Elles sont prises dans une mutation considérable et leurs paradigmes vont se transformer. Les objets vont changer, tout comme les méthodes ; Internet a déjà commencé à les impacter et à changer la donne. Ce qui résistera le plus à ces transformations et qui donc les retarde, c’est le fonctionnement des institutions universitaires, et les fonds de recherche, qui aiment bien les disciplines, préfèrent fonctionner à l’échelle nationale et sont mal  à l’aise dès qu’il faut se penser pluridisciplinaire et global. Les sciences sociales sont également amenées à jouer un rôle renouvelé dans la vie de la cité car les modèles anciens sont obsolètes. Elles vont jouer un rôle important dans le débat public parce qu’elles lui apportent ce dont les intellectuels publics manquent, à savoir un mélange d’analyses, d’élaborations, de théories, d’idées et de démonstrations empiriques s’appuyant sur des faits. Nous devrons intégrer à ces questions le point de vue de l’intérêt du citoyen. Quant à la sociologie, elle est la mieux armée pour apporter, sur un problème précis, un outillage qui conjugue l’élaboration théorique et la connaissance empirique du terrain. Elle sera peut-être un petit peu décalée par rapport à d’autres disciplines, mais dans certains cas, elle est la première à le voir lorsqu’un problème surgit.