La question de Dieu et de la religion a longtemps fait l’objet d’intenses débats, à une époque où la théologie et la métaphysique faisaient partie intégrante du savoir philosophique. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
Durant l’Antiquité grecque et romaine, la religion avait un statut assez spécifique. Il s’agissait avant tout d’une « religion civique », relevant plus de la politique que de la foi. La religion était donc affaire de rituels à respecter plus que de ferveur intime. Ainsi, quand Aristote traite des affaires religieuses dans ses écrits « politiques », c’est pour discuter du rôle respectif des magistrats ou des prêtres dans l’organisation des rites sacrés et l’entretien des édifices publics. La religion ne suscite pas de grands débats métaphysiques sur le nombre de dieux, leur nature ou leur lien avec les humains. On ne trouve en tout cas rien de tel chez Socrate, Platon ou Aristote.
Chez les Grecs et les Romains, les dieux vivaient leur vie propre, sans trop s’intéresser à la vie des humains. Ils n’ont pas d’influence sur la destinée finale des hommes.
Et vint le christianisme
Quand le christianisme s’impose en Occident, à partir du haut Moyen Âge, religion et philosophie vont alors nouer des liens plus étroits. Car dès lors que la religion devient le dogme unique, les philosophes, qui sont tous des hommes d’Église, vont devoir concilier les exigences de la pensée abstraite et celle de la foi.
Dans un premier temps, le christianisme et la philosophie idéaliste de Platon fusionnent chez Plotin. Dieu est assimilé aux plus hautes « idées abstraites » de Platon. Dieu et la vérité ne font qu’Un. Jésus n’est que l’incarnation des idées de Bien, de Beau, de Vrai.
Mais par la suite, quand au sein des monastères se développent la logique, la grammaire, la spéculation métaphysique, puis les prémisses d’une science, il devient plus difficile de faire concilier les dogmes chrétiens avec la pensée rationnelle. Les penseurs vont peu à peu séparer deux domaines de pensée : l’accès à la vérité peut relever soit de la foi, soit de la raison. La révélation mystique ou l’intelligence rationnelle sont deux modes d’accès à la vérité qui se complètent sans s’opposer. Car ils n’ont pas le même but : la raison sert à connaître le monde, la foi nous donne accès à Dieu.
Comment prouver l’existence de Dieu ?
Certains penseurs vont s’évertuer à concilier les deux, en mettant la raison au service de Dieu : c’est le but des « preuves de l’existence de Dieu » qui fleurissent à partir du Moyen Âge. L’une des plus célèbres est celle d’Anselme de Cantorbéry (1033-1109) avec sa « preuve ontologique » qui tient en trois temps : Dieu est parfait ; or, la perfection réclame l’existence ; donc Dieu existe…