Docteurs menteurs : quand santé et vérité ne riment pas

Et si votre médecin ne vous disait pas toujours la vérité ? Une équipe de chercheurs menée par Lisa I. Iezzoni, professeure de médecine à la Harvard Medical School, à Boston, a recueilli le témoignage de près de 1 900 médecins américains issus d’une centaine de spécialités. Il leur était demandé quel était leur degré d’approbation à l’égard de la Charter on Medical Professionnalism, charte internationale agréée par plus d’une centaine de regroupements professionnels de la santé à travers le monde.
Premier résultat : la majorité des praticiens interrogés approuvent la charte quand elle stipule qu’« un médecin ne doit jamais dire à un patient une chose fausse ». Mais près de 17 % émettent des réserves sur cette mention. La réalité des pratiques paraît en fait assez éloignée de ce que promeut la charte. En 2008, 55 % des médecins interrogés disaient ainsi avoir communiqué, au sujet de l’état de santé d’un patient, un pronostic plus « positif » que la réalité le laissait objectivement supposer. De même, certains répondants explique avoir parfois occulté la vérité à leurs patients concernant la maladie, entre autres pour éviter de les inquiéter ou de leur faire perdre espoir. Plus exactement, 34 % disent ne pas être « totalement en accord » avec l’affirmation selon laquelle les médecins devraient faire part à un patient de toutes les erreurs médicales significatives commises à son sujet, dès lors qu’elles n’ont pas entraîné de complications. Pourtant, soulignent les chercheurs, d’autres études ont montré qu’informer un patient des erreurs médicales réalisées peut réduire sa colère et réduire sa propension à intenter une action en justice pour cause de mauvaises pratiques. Par ailleurs, indique l’étude, 28 % des médecins interrogés disent avoir « intentionnellement ou involontairement révélé à une personne non autorisée une information relative à la santé d’un de leurs patients », violant ainsi le secret médical. Mais ce n’est pas tout : toujours d’après l’étude, environ 35 % des médecins interrogés ne sont pas d’accord pour « faire part de la nature de leurs relations avec les sociétés pharmaceutiques et les compagnies spécialisées dans les appareils médicaux ».