Dominations ordinaires. Explorations de la condition moderne

Danilo Martuccelli, Balland, 2001, 362 p., 139 F.

Pendant longtemps, la domination a été incarnée par des figures facilement repérables : le roi, le patron... La sociologie, surtout issue du marxisme, a ainsi défini des catégories relativement stables et homogènes, permettant de désigner, tels deux mondes se faisant face, les dominants et les dominés, les capitalistes et les travailleurs.

Dans cet ouvrage, Danilo Martuccelli plaide pour un renouvellement de la sociologie de la domination fondé sur l'abandon préalable de ces présupposés objectivistes, et sur une réévaluation globale des catégories du social. « L'idée même de société demeure-t-elle pertinente ? », s'interroge l'auteur. Notre « société » n'est-elle pas un assemblage fragile de principes hétérogènes ? De même, la domination ne tend-elle pas de nos jours à se fragmenter selon des registres partiellement indépendants les uns des autres ? N'observe-t-on pas une certaine disjonction entre domination et positionnement dans l'échelle sociale ? Un individu ne peut-il pas être dominant dans un certain registre de la vie sociale et dominé dans un autre ?