Du cerveau à l'outil

Cet ouvrage, au titre un peu trompeur donnant à penser qu’André Leroi-Gourhan (1911-1986) a inventé la technologie, n’en est pas moins extrêmement riche. Il aborde l’œuvre protéiforme d’A. Leroi-Gourhan, dont on sait qu’il a été tour à tour et en même temps orientaliste, ethnologue, linguiste, paléontologue et archéologue préhistorien. Il s’attache à montrer la cohérence de ces différentes approches appliquées à l’histoire des techniques humaines.

Comme l’écrivait lui-même A. Leroi-Gourhan, la technicité vitale qui anime toute forme de vie « met en cause à la fois les structures organiques, l’équipement neuromoteur et les manifestations du psychisme ». Ainsi, même lorsqu’il fait de l’anatomie, les techniques ne sont jamais loin, comme en témoigne le titre d’un de ses livres, Mécanique vivante (1983).

Nathan Schlanger nous invite, en une plongée dans les archives d’A. Leroi-Gourhan, à une promenade chronologique dans son œuvre, depuis ses années de formation auprès de Marcel Mauss et de Paul Rivet durant l’entre-deux-guerres, jusqu’à la fin des années 1950, avec la mise en place de la notion de « chaîne opératoire ».

Toute l’œuvre d’A. Leroi-Gourhan apparaît ainsi comme un plaidoyer pour une reconnaissance de la dimension intrinsèquement humaine des techniques, qu’on peut comparer à celle à peu près contemporaine d’André-Georges Haudricourt, pour qui la technique était bien une science humaine.

Le livre, très dense, fourmille de digressions, de parenthèses et d’anecdotes qui raviront les amoureux de l’œuvre d’A. Leroi-Gourhan. Et on peut y découvrir quelques pages inédites ou peu connues de textes manuscrits et de dessins de sa plume.