En Angleterre, le saut en parachute séduit quelque 250 000 personnes chaque année. Quête de sensations fortes pour rompre la monotonie d'une société trop tranquille ? Mais que reste-t-il de cette excitation chez ceux qui s'y adonnent régulièrement ? Deux psychologues, Ian Price et Claire Bundesen de l'université de Nouvelle-Angleterre en Australie, ont réuni 105 parachutistes diversement expérimentés. Ils leur ont demandé d'identifier, sur une liste de 33 émotions, celles qu'ils ressentaient avant et après le saut, puis de se prêter à un test de personnalité (test d'Eysenck) et, enfin, à un test d'addiction comportementale, en l'occurrence la pratique du parachutisme. Comme on pouvait s'y attendre, c'est l'anxiété qui domine avant le saut, suivie d'une joie intense, ce contraste peur/plaisir étant beaucoup plus prononcé chez les néophytes que chez les habitués (ceux qui comptent plus de 500 sauts à leur actif). L'étude aurait montré que les expérimentés ont en effet tendance à minimiser leur anxiété et à maximiser les émotions positives de joie, de plaisir et d'amusement. Dans l'espoir de retrouver quelque chose qui s'apparente à la première expérience, ils essayent d'intensifier ces sensations en les pimentant de manoeuvres fantaisistes telles que se livrer à des expériences nocturnes... Pour les plus accrocs d'entre tous, exhiber sa sérénité là où les autres ressentent peur, panique et danger de mort serait en outre un « facteur de renforcement majeur ».
Références
I.R. Price et C. Bundesen, « Emotional changes in skydivers in relation to experience », Personality and Individual Differences, vol. XXXVIII, n° 5, mars 2005.