La télévision est souvent perçue comme un loisir qui entrerait en concurrence avec les activités scolaires. Une enquête de la Direction de la programmation et du développement nuance ce jugement.
Pour les collégiens, regarder la télévision est de loin le loisir le plus prisé : 87 % d'entre eux la regardent environ deux heures par jour et cette activité devance largement la lecture ou le sport. Les pratiques familiales sont d'ailleurs très variables : liberté totale ou sélection des émissions, télévision allumée toute la journée, ou seulement le soir, etc.
A première vue, les mesures montrent que les collégiens qui s'investissent le plus dans l'écoute télévisuelle sont ceux qui présentent les moins bonnes carrières scolaires. Mais une telle conclusion comporte un biais important : en effet, l'intensité du rapport à la télévision s'accroît au fur et à mesure que l'on descend dans l'échelle sociale. Est-ce parce qu'ils regardent trop la télévision que les élèves des milieux populaires sont moins bons à l'école ou... parce qu'ils appartiennent à des milieux populaires ?
Pour répondre à cette question, les auteurs de cette étude ont usé de raffinements statistiques dont les chercheurs ont le secret, pour mesurer les effets de la télévision, toutes choses égales par ailleurs (à situation familiale et sociale équivalente). Sous cet angle, le temps passé devant Sainte mère télé ne semble pas avoir d'impact important sur la scolarité : la regarder le matin avant de partir en cours, ou encore faire ses devoirs devant le récepteur n'a pas d'effet significatif sur les carrières scolaires. Ce qui en a, en revanche, c'est le moment où les jeunes se consacrent à cette activité : regarder la télévision après le dîner les veilles de classe ou passer les demi-journées entières sans cours influe négativement sur la réussite.
Références
J.-P. Caille et A. de Montfort, « Les collégiens et la télévision », Note d'information du ministère de l'Education nationale, 99.38, octo-bre 1999.