Depuis que les tenants d’une école en blouse grise donnent le la, que des pamphlets comme La Fabrique du crétin de Jean-Paul Brighelli (Jean-Claude Gawsewitch, 2005) se vendent comme des petits pains, l’école s’est habituée aux critiques. Un dénigrement ambiant dans lequel la baisse du niveau ne faisait jusqu’alors que figure d’épouvantail, surtout depuis que les universitaires Christian Baudelot et Roger Establet avaient démontré en 1989 que le niveau montait (1).
Aujourd’hui, cette question du niveau revient pourtant en force, sur le terrain statistique cette fois, avec la publication de l’étude intitulée « Lire, écrire, compter : les performances des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalle 1987-2007 » (2) réalisée par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp). Ce travail conclut en effet qu’en lecture « deux fois plus d’élèves (21 %) se trouvent en 2007 au niveau de compétence des 10 % d’élèves les plus faibles de 1987 ». En orthographe, les 10,7 fautes moyennes de 1987 sont devenues 14,7 en 2007 et les 26 % qui faisaient plus de 15 erreurs il y a vingt ans sont aujourd’hui 46 %. Les compétences en mathématiques ne rééquilibrent rien puisqu’entre 1987 et 1997 le score en calcul a connu « une baisse importante » suivie d’un tassement la décennie suivante.
Pas brillant, certes, mais il reste à ces élèves six années au minimum avant la fin de leur scolarité obligatoire. Une chance de rattrapage ? Pas si sûr… S’il n’a ni l’ampleur ni la scientificité du précédent, le test réalisé par le mouvement Sauver les lettres (3) évalue tous les quatre ans depuis 2000 un bon millier d’élèves de seconde (1 348 cette année) sur une dictée et de la grammaire du brevet des collèges des années 1970 ou 1980.