L’union des contraires ? C’est un peu le sentiment du politiste Ben Clift concernant les décisions économiques de N. Sarkozy, qui lui semblent pouvoir être regroupées sous l’étiquette d’un « patriotisme économique néolibéral ». Versant néolibéral, peuvent être notamment rangés divers allègements de taxes justifiés au nom de la « lutte contre les délocalisations » : abaissement du bouclier fiscal à 50 % des revenus, défiscalisation des heures supplémentaires, diminution des droits de succession, suppression de la taxe professionnelle…
Un interventionnisme patriotique
Ce « retrait fiscal » contraste avec le dirigisme dont le président a fait preuve, en particulier dans le domaine des politiques industrielles. C’est ainsi l’Etat qui, en 2007, a impulsé et contrôlé la fusion GDF-Suez, afin de faire émerger un acteur européen majeur de l’énergie. Pour ce faire, N. Sarkozy n’a pas hésité à s’appuyer sur « les relations privilégiées entre les élites industrielles et le gouvernement » : Henri Proglio, patron de la nouvelle entité, était un de ses amis personnels. Le plan de relance présenté en février 2009 porte aussi la trace cet interventionnisme. Le pacte automobile, par exemple, a offert 9 milliards d’euros d’aide aux fabricants de voitures pour soutenir la demande et l’emploi dans le secteur, inciter au redéploiement vers la haute technologie et encourager la production de voitures propres. La contrepartie était claire : les entreprises s’engageaient à ne délocaliser ni les emplois, ni la production destinée au marché français. N. Sarkozy tenta même d’étendre ce dirigisme protectionniste au niveau européen et, si sa réussite fut modeste, il parvint quand même à exclure l’idée d’une « concurrence libre et juste» du préambule du Traité de Lisbonne.