Edgar Morin L'aventure d'une pensée

« Depuis et toujours, je reviens avec obstination sur les problèmes généraux échappant aux successives ébauches de spécialisation comme autant d’asphyxies (…). La dispersion n’est-ce la maladie de mon polycentrisme qui se réaliserait sainement dans l’encyclopédisme ? » Ainsi, en 1962, Edgar Morin décrivait-il dans Le Vif du sujet le processus autodidacte de sa pensée qui se reconnaîtra autant par son ampleur que par sa marginalité. Car d’Edgar Morin, tout le monde connaît le nom, le visage, les engagements parfois mais qu’en est-il de l’œuvre ? Longtemps méconnus, voire ignorés en France, les écrits d’Edgar Morin n’ont cessé pourtant d’être plébiscités à l’étranger, comblés d’honneurs en Amérique latine, en Afrique, en Asie. Docteur honoris causa de plus de quatorze universités dans le monde, ni philosophe, ni sociologue, ni anthropologue, Edgar Morin est tout cela en même temps. Il est un penseur omnivore, passionné par tous les savoirs humains, toutes les disciplines, voulant les réconcilier dans un grand tout complexe, fuyant la pensée traditionnelle compartimentée qui mutile et cloisonne la pensée quand celle-ci se voudrait libre, itinérante, aventurière. Quête, réflexion, recherches, la pensée d’Edgar Morin est surtout un grand récit. Celui de l’histoire de la connaissance, de l’aventure d’une pensée. Faisant dialoguer tous les pans du savoir humain, des sciences naturelles aux sciences humaines en passant par la sociologie, l’anthropologie et la philosophie, elle défie toute tentative de classification. Définitivement insaisissable, vertigineuse même, tant on ne peut en apercevoir le fond.