Égypte : qui sont les nouveaux maîtres ? Rencontre avec Olivier Sanmartin

Le 11 février dernier, Hosni Moubarak a quitté le pouvoir en Égypte. Malade, l'ancien raïs doit être jugé au Caire. Si certains de ses partisans sont actuellement évincés de l’appareil d’État, la situation politique demeure incertaine. L’armée, en la personne du maréchal Tantaoui, dirige de facto le pays. Olivier San Martin, enseignant-chercheur à l’Université de Tours, revient sur les enjeux de la révolution égyptienne et les rapports de force politiques de l’ère post-Moubarak.

Quelles sont les spécificités de l’Égypte dans ces révolutions arabes ?

Avant la révolution, l’Egypte connaissait une situation de pluralisme de façade, avec un Parlement et des partis d’opposition, bien que réduits à la portion congrue. La situation égyptienne n’était donc pas comparable aux situations syrienne ou libyenne, par exemple, qui se caractérisent par des systèmes politiquement verrouillés. Si l’usure du pouvoir n’est pas une spécificité dans la région, la question de la succession du président Hosni Moubarak a constitué un débat récurrent dans le pays depuis le milieu des années 2000. Les tentatives de Moubarak de promouvoir l’un de ses fils au poste présidentiel ont empoisonné la situation politique en Égypte, alimentant la contestation. Parmi les opposants, Mohamed El-Baradei, qui n’est pas un opposant historique mais qui bénéficie d’une notoriété mondiale après avoir quitté son poste à l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) en 2009, a fait son retour en Égypte l’année suivante en annonçant son intention de se présenter à des élections pluralistes. De nombreux opposants, blogueurs, activistes se sont exprimés, le payant parfois très cher car dans ce contexte de fin de règne, le régime égyptien s’est incontestablement durci.