Selon Yves Delaporte, chercheur en anthropologie urbaine au CNRS, la langue des signes, essentiellement pratiquée par les sourds de naissance, est une langue à part entière, ce qui explique notamment la revendication d'une « culture sourde » exprimée par beaucoup d'entre eux. Ils ne se considèrent pas comme des handicapés, mais comme les membres d'une minorité linguistique et culturelle.
L'une des particularités de cette langue est la manière dont les sourds désignent les noms de personne. Y. Delaporte a ainsi analysé 800 « noms signés ». La majeure partie (plus de 90 %) sont des « noms métonymes », c'est-à-dire qu'une caractéristique de l'individu est utilisée pour le désigner. Cela concerne l'aspect physique : selon les cas, des personnes sont appelées « yeux en amande », « nez de travers », « banane de rocker », « le joufflu », etc. Il y a également « Tour Eiffel » pour telle femme de haute taille ou « cygne » pour un homme qui se tient toujours très droit. Cela désigne aussi une habitude ou un trait de caractère, comme « Bouscule tout le monde » ou « Regarde trop la télé ». Précisons qu'il n'y a rien de péjoratif dans ces appellations. Emmanuelle Laborit, comédienne sourde bien connue est, pour sa part, appelée « Soleil qui part du coeur »...