Que ce soit pour la rigueur de leur code de conduite, leur armure complexe ou leur sabre, le katana, les samouraïs fascinent. Ils sont invariablement cités dès lors que l’on évoque la civilisation japonaise. Pourtant, leur culture militaire reste largement méconnue.
Le mot samouraï signifie littéralement « celui qui sert ». Ce statut implique l’obéissance à un seigneur, parfois jusqu’à la mort. Le samouraï serait en quelque sorte à son seigneur ce que l’écuyer était au chevalier occidental. Pour mieux comprendre qui furent réellement ces guerriers, prenons l’exemple du clan Ema, une de ces familles qui ont laissé une empreinte forte sur l’époque féodale japonaise.
Ce clan s’est développé sur les hauteurs des monts Hida, ou Alpes du Nord du Japon, au cours du 13e siècle. Il s’est établi dans une petite plaine de trois kilomètres de long et d’un de large à la confluence de deux torrents, le Takahara, qui s’écoule du nord au sud, et le Furukawa, qui court d’est en ouest. S’il est difficile d’identifier le pourquoi de son arrivée, on sait qu’elle a coïncidé avec l’apogée du régime de Kamakura (chronologie). Selon la légende, les Ema étaient liés à ce gouvernement.
Il faut dire qu’une loi rédigée en 1232 permettait aux guerriers japonais, en particulier ceux ayant le prestigieux titre de jitô*, de transmettre leurs terres à qui ils souhaitaient : épouses, fils, filles voire, dans un cas, à deux chiens de chasse nommés Grand Noiraud et Petit Noiraud. Avec l’accroissement de l’agriculture et la fragmentation des héritages, ces passations se sont traduites par le déplacement de certaines familles vers des zones moins désirables. Le clan des Ema a ainsi hérité d’une vallée peu propice à l’agriculture. Les terres arables y sont peu nombreuses et la zone est inondable. Mais cela ne les empêche pas de prospérer. Leur positionnement idéal, à cheval sur deux rivières et à la croisée de routes reliant la mer du Japon, façade maritime ouverte sur les côtes chinoises, au reste du pays, leur permet de s’engager dans le commerce. Et sans doute plus particulièrement dans la vente et l’élevage de chevaux, puisque le clan possède des écuries.
Des archers montés hors pair
Durant l’ère Kamakura, le cheval joue en effet un rôle fondamental dans l’organisation militaire. Les guerriers sont avant tout des archers montés hors pair. Aussi grandes que les poneys contemporains, leurs montures possèdent le double avantage de gravir facilement les pentes et d’avoir un galop harmonieux favorable à l’ajustement du tir à l’arc. Teints en bleu ou en vert, ces arcs sont valorisés et utilisés par des hommes en petites bandes, qui encerclent leurs adversaires au sol et en viennent à bout en les criblant de flèches. Faits au départ de bois puis progressivement en matériaux composites comme le bambou, les arcs utilisés sont particulièrement longs. Ils ont une portée d’une centaine de mètres mais gagnent en précision et en efficacité sur des distances plus courtes. Seule une flèche tirée de près peut blesser significativement un ennemi ou pénétrer son armure.