En 2014, sort sur les écrans Le Procès de Viviane Amsalem. Le film franco-israélien, qui suscite de nombreuses réactions, raconte le combat interminable mené par une épouse pour obtenir auprès du tribunal rabbinique la dissolution de son mariage, que son mari persiste à lui refuser. En Israël, « démocratie à substrat biblique 1 », religion et institutions étatiques sont en effet fortement imbriquées. En matière de droits individuels et familiaux, cette situation est génératrice de drames personnels dont les femmes sont souvent les premières victimes. En dépit d’une Déclaration d’indépendance qui, en 1948, proclamait haut et fort le principe d’égalité entre les sexes, les femmes des différentes communautés (juives, chrétiennes et musulmanes) restent bel et bien prisonnières des décisions de ces tribunaux religieux dans les affaires de mariage, de divorce et d’héritage. Dans les communautés juives israéliennes, le mariage est ainsi régi comme un contrat religieux que seul le mari est à même de casser en accordant le « guett » (le document légal du divorce). Des centaines de femmes ont ainsi dans le pays, le statut d’agounot (littéralement de femmes « ancrées » à leur contrat de mariage) et ne peuvent divorcer faute d’avoir obtenu l’accord de leur mari. Cette gestion du statut personnel par des tribunaux religieux orthodoxes a des conséquences particulièrement lourdes dans un pays où par ailleurs, les femmes juives ont été fortement incitées à devenir des mères de famille, afin de préserver la pérennité démographique de l’État d’Israël. Les communautés ultra-orthodoxes exercent aussi une forte pression dans l’utilisation et l’accès à l’espace public israélien. Certains des plus radicaux parmi les haredim (littéralement « ceux qui tremblent devant Dieu 2 ») défendent une stricte ségrégation entre les sexes dans certains espaces publics (transports, salles d’attente, lieux de résidence, espaces religieux).