FRANCOPHONIE

EN VENTE ICI : VIANDE DE CHERCHEUR

Si vous appartenez au milieu scientifique, une promenade dans les rues de Cotonou, au Bénin, peut vous donner quelques sueurs froides... à moins d'avoir à vos côtés un guide-traducteur. Vous comprendrez alors que « chercheur » signifie en fait... « porc ». Selon les croyances béninoises, en manger affaiblirait le pouvoir des grigris. On préfère donc l'appeler par ce mot de passe, qui vient peut-être de l'utilisation du cochon en France comme chercheur de champignons.

C'est face à l'inquiétude d'un de ses collègues français que Jean-Benoît Alokpon, de l'université de Cotonou, s'est décidé à observer de plus près les particularismes du français du Bénin, à travers les inscriptions sur les enseignes publicitaires, les voitures, etc., mais aussi dans la littérature nationale. Ce langage populaire est généralement très imagé, parfois poétique. Ainsi, corrompre est dit « poser des cailloux sur un dossier », car sinon le vent va l'emporter.

Certaines expressions peuvent subir d'importantes transformations, comme ce fut le cas pour le mot « japon », utilisé comme adjectif. Il y a trente ans, il signifiait un objet de mauvaise qualité, mais depuis que le Japon est un pays de haute technologie, il désigne ce qui a une valeur inestimable. Certaines expressions reflètent des tabous, comme « l'autre chose », qui désigne l'argent dû, la dette.

Ces exemples révèlent la vitalité du français en Afrique. Ils montrent surtout que le français y est construit dans la rue. Et qu'il est presque impossible d'en faire l'analyse de façon achevée, parce qu'il en naît tous les jours des éléments nouveaux.

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