Des deux guerres mondiales à la guerre d’Algérie, de la Bosnie au Rwanda, les enfants aussi ont participé à l’écriture et à la lecture des tragédies contemporaines. À travers des autobiographies, des journaux intimes ou des mémoires, des dessins, des entretiens enregistrés, le projet Enfance Violence Exil (EVE) recueille et étudie la parole de ces enfants qui ont vécu la guerre ou l’exil, et les confronte aux représentations adultes. Cet important travail de collecte, de transcription et d’édition de documents écrits inédits et de témoignages de première main, traversant le XXe siècle, a notamment été permis par l’existence de la collection de dessins d’enfants du couple Brauner.
« Les dessins sont des récits »
Nés au début du XXe siècle, Alfred et Françoise Brauner rejoignent dès 1937 les Brigades Internationales en Espagne, elle d’abord, comme médecin ; lui ensuite, avec la charge d’inspecter les centres pour enfants évacués. C’est dans ces foyers que les Brauner commencent à s’intéresser au dessin comme outil thérapeutique, mais aussi politique, servant à dénoncer les horreurs de la guerre et, plus encore, à aiguiller la solidarité internationale envers la République espagnole. Cette première expérience humanitaire se prolonge, à leur retour en France, avec des enfants juifs évacués d’Allemagne et d’Autriche, puis revenant des camps en 1945.
Par la suite, leur engagement en faveur des enfants qui ont vécu la guerre ne se dément pas, que ce soit par l’action associative, ou par la recherche des dessins d’enfants en guerre à travers le siècle et les continents – guerre d’Algérie, Vietnam, Liban, Guatemala… Leur vie durant, les Brauner ont ainsi collecté des dessins d’enfants en guerre. Leur travail humanitaire avec des enfants réfugiés et rescapés et la collection picturale qu’ils ont constituée ont servi de point de départ au projet transdisciplinaire Enfance Violence Exil (EVE) sur le témoignage de l’enfant sur la guerre à l’époque contemporaine.