Les enfants de personnes dépressives sont-ils plus susceptibles que les autres de développer une dépression dans leur vie d’adolescent ou d’adulte ? Question récurrente qui a créé une véritable émulation dans le monde des chercheurs en psychologie, en quête d’un facteur héréditaire de la dépression. Plus de 50 % des enfants de dépressifs développent une dépression d’ici la fin de leurs années d’adolescence. Si les chercheurs peuvent en comprendre les raisons, ils pourront mieux prévenir les risques chez cette « seconde génération ».
Récemment, le pédopsychologue Nestor Lopez-Duran, enseignant à l’Université du Michigan, a présenté les résultats d’une étude collective sur les enfants de dépressifs. Quel était l’objet de cette étude ? Concrètement, les chercheurs ont évalué les capacités d’enfants à reconnaître de subtiles traces de tristesse sur des expressions faciales adultes. Deux groupes d’enfants ont été formés pour l’étude : un groupe d’enfants dits « à risque », c’est-à-dire réputés présenter un risque accru de dépression de par leur environnement familial, et un autre groupe d’enfants, le « groupe témoin » ou « groupe de contrôle », soit des enfants dont les parents n’ont jamais été dépressifs par le passé. Aux deux groupes, les chercheurs ont présenté différentes photographies de visages d’adultes : certaines montraient des expressions faciales totalement neutres, et d’autres, des visages très tristes. Assez étrangement, d’autres séries de photographies montraient des visages aux expressions de tristesse très variables : des visages considérés à 40 % tristes, 10 % tristes, ou 70 % tristes, etc. À chaque photo présentée, il fut demandé à l’enfant de dire si l’adulte sur la photographie lui paraissait triste ou non. Ceci dans le but de déterminer si les enfants de parents dépressifs, dits « à risque », sont plus capables que les autres de déceler des traces de tristesse sur un visage, surtout lorsque celle-ci est relativement peu visible. Les résultats de la recherche laissent perplexes : la différence ne se fait pas tant entre les groupes – enfants à risque/enfants non à risque – qu’entre les genres. Ainsi, les garçons du groupe à risque sont plus capables que les garçons de l’autre groupe de reconnaître de subtiles traces de tristesse sur des expressions faciales ambiguës. Mais aucune différence n’a été remarquée entre les filles des deux groupes d’enfants.