Entre désir de travail et désir d'enfant

Le fort taux d'activité des femmes est-il la cause du déclin démographique observé dans les pays de l'Union européenne ? Si l'Insee et l'Ined ont tenté de montrer que ces deux phénomènes étaient indépendants, le rapport présenté en mars 1999 au Conseil d'analyse économique démontre le contraire. Son auteur, Béatrice Majnoni d'Intignano, estime que « les facteurs de comptabilité entre travail et famille sont déterminants et expliquent l'essentiel de la baisse de fécondité ». L'exemple de la Suède illustre cette proposition. Dans les années 60, ce petit pays qui manquait de main-d'oeuvre a poussé ses femmes à travailler : la fécondité suédoise est devenue l'une des plus basses d'Europe. Les pays méditerranéens connaissent la même évolution. Dans les années 70, la Suède (ainsi que la plupart des pays d'Europe du Nord), ayant aidé massivement les femmes à concilier travail et maternité, présentait alors le taux le plus élevé d'Europe. Depuis son entrée dans l'Union européenne, la Suède a dû relâcher ses efforts et connaît à nouveau une baisse sensible de la fécondité. Mais l'auteur met en garde contre une conclusion hâtive et aujourd'hui anachronique qui consisterait à inciter les femmes à s'occuper de leur famille plutôt que de travailler. Ce serait pour elle aller à l'encontre d'un phénomène irréversible et « culpabiliser les mères actives reviendrait dorénavant à priver un pays d'enfants ». Le dilemme « enfants-carrière » qui a été imposé aux Allemandes a eu des conséquences catastrophiques sur la démographie de ce pays, où une femme sur deux reste aujourd'hui stérile. La solution consiste donc à « restaurer le désir d'enfant » en facilitant la vie des jeunes mères actives par des politiques d'aides, la multiplication de crèches, les congés parentaux, etc.