L’appellation « psychologie positive » semble un pléonasme. La psychologie n’a-t-elle pas depuis toujours vocation à tendre vers le positif ?
Certes, mais jusqu’ici, la psychologie a toujours été centrée sur la pathologie et le traitement des traumatismes. La psychologie positive, elle, part d’un autre postulat : elle se centre sur ce qui permet de construire des qualités positives, ce qui n’a rien à voir avec une méthode Coué qui consisterait à se dire que tout va bien et entraînerait comme par magie du bien-être. On dit parfois que la psychologie positive, c’est la psychologie du bonheur. C’est très réducteur. La psychologie positive cherche aussi à prendre en charge la souffrance. Il n’est pas question de dire qu’il faut vivre dans un monde édulcoré, sans malheur, sans souffrance, sans émotions négatives, lesquelles sont également nécessaires à l’adaptation de chacun à son environnement.
Surtout, la psychologie positive s’inscrit dans une démarche de recherche scientifique : nous posons des hypothèses et mettons des outils en place pour les vérifier. Certaines se vérifient, d’autres pas. L’objectif, c’est l’épanouissement optimal, pas seulement du point de vue de l’individu, de ses émotions mais aussi des groupes et des institutions. C’est assez nouveau. Et les champs d’application pourraient être, à terme, infinis, dans des domaines aussi différents que l’éducation ou le travail !
Certains psychologues ne sont-ils pas déjà dans une démarche de psychologie positive, sans pour autant la nommer ainsi ?
En partie, oui, et notamment les psychologues qui travaillent sur les techniques de mindfulness*. Mais la psychologie positive va plus loin : là où la plupart des disciplines de la psychologie s’intéressent à telle ou telle facette de l’être humain, la psychologie positive les englobe toutes dans une orientation positive. C’est une discipline intégrative qui en regroupe d’autres, telles la psychologie des émotions ou la psychologie cognitive. Martin Seligman, à qui l’on accorde la paternité de la psychologie positive, a eu le premier le mérite de regrouper sous une même appellation tout un ensemble de courants et de théories : l’autodétermination, les travaux sur l’optimisme, sur la résilience, sur les émotions, par exemple... La publication, en 2000, de l’un de ses articles, dans le cadre d’un numéro spécial de la revue American Psychologist, a posé les bases de cette discipline et a lancé la recherche universitaire.