Comment a été identifié le « syndrome de Jérusalem », ce trouble lié à la proximité des Lieux Saints ?
La première mention du phénomène, dans les écrits ou mémoires publiés par des pèlerins, remonte à une centaine d’années. Mais c’est au psychiatre israélien Yaïr Bar-El [aujourd’hui décédé, ndlr], ancien directeur de l’hôpital de Kfar Shaul à Jérusalem, que revient le mérite d’avoir identifié ce syndrome. Entre 1980 et 1993, quelque 1 200 touristes avec des problèmes mentaux graves liés à Jérusalem ont été orientés vers l’hôpital de Kfar Shaul : 470 d’entre eux y ont été admis.
Cet établissement reçoit en moyenne une centaine de touristes par an pour cette affection, dont une quarantaine est hospitalisée. Sur la base de cette expérience clinique, le Dr Bar-El a fait part de ses observations dans un article publié en 2000 dans le British Journal of Psychiatry, que j’ai signé avec d’autres praticiens (1).
Quelles en sont les principales manifestations ?
La période de pointe du syndrome se situe lors des grandes fêtes des religions monothéistes : Noël ou Pâques pour les chrétiens, les Fêtes austères et la Pâque pour les juifs, sans oublier les mois de grande chaleur, en juillet-août. Les premiers symptômes se manifestent le plus souvent le lendemain de l’arrivée dans la ville, par une nervosité et une anxiété soudaines et sans motif. Les sujets, venus en groupe ou en famille, éprouvent un besoin irrépressible de s’isoler. Ils vont dès lors le plus souvent se livrer à des rites de purification, prendre douche après douche, s’immerger dans un bain rituel…