On évoque de plus en plus les enfants victimes de violences familiales, mais pas ceux qui en sont les « simples » témoins. Pourquoi cette différence ?
La lumière a longtemps été portée sur les violences envers les femmes, avant qu’on s’aperçoive que les enfants eux-mêmes en concevaient une souffrance. En outre, les professionnels de la protection de l’enfance sont déjà submergés par les problèmes de violence directe sur l’enfant, et négligent cette forme indirecte que constitue le spectacle de la violence entre parents. Enfin, on différencie violence conjugale et maltraitance de l’enfant, avec l’idée qu’on peut être un bon père même si on est un conjoint violent. Pourtant, des études nord-américaines montrent que les enfants témoins de violences conjugales sont en souffrance. Elle peut être psychologique, mais aussi physique, car la moitié des enfants dont la mère subit des violences sont également victimes de coups par leur père ou le compagnon de leur mère.
Ces enfants en parlent d’autant moins que, comme pour toute violence familiale, s’impose la loi du silence. Et qu’à chaque réconciliation apparaît l’idée que la situation est peut-être enfin réglée. De plus, quand les enfants se risquent à évoquer le sujet, ils peuvent s’entendre dire par un adulte que cela ne les regarde pas. On pense ainsi les protéger, alors qu’il faut les laisser s’exprimer.