Et le libre-service créa le consommateur moderne

Acheter un ticket de cinéma à la borne automatique, scanner ses achats au supermarché, puis les transporter dans un caddie qu’on ira soi-même redéposer sur le parking… le libre-service fait partie de notre quotidien. La sociologue Catherine Grandclément revient sur les conséquences de l’émergence de cette nouvelle manière de consommer, dans les épiceries américaines des années 1910-1920. Fruit d’une volonté de modernisation des magasins, le libre-service engage de profonds réaménagements de l’espace : à la place du long comptoir derrière lequel l’épicier accède aux produits, les boutiques sont désormais agencées selon un parcours sinueux à sens unique. Les prix sont alors clairement affichés, rendant toute négociation impossible. Les enseignes adoptent le principe du « cash and carry » (« payez et emportez »). Exit le paiement à crédit et le service de livraison. Dorénavant, le client devra payer ses emplettes comptant et les emporter lui-même.