Les étiquettes négatives leur collent vite à la peau, humiliant du même coup père et mère. Et si ces trublions étaient hyperactifs ? L’idée peut germer en cas de blocage au quotidien entraînant des difficultés relationnelles et surtout d’inadaptation à l’école. Déjà au XIXe siècle, l’aliéniste Bourneville parlait du « syndrome d’instabilité de l’enfant », avant que les adeptes du courant psychanalytique n’évoquent un problème « affectivo-caractériel » et que la neurologie ne parle ensuite « d’hyperkinésie ». C’est finalement après les années 1980 que l’on pose le concept de THADA (trouble d’hyperactivité avec déficit d’attention), puis de TDAH. Le diagnostic n’en reste pas moins difficile à poser dans bien des cas. Comment accompagner ces enfants à part pour les soulager et révéler leurs meilleurs côtés ?
Vite, un diagnostic…
Hyperactif ! Employé souvent à tort et à travers au quotidien, ce qualificatif a pris un sens très précis sur le plan médical pour évoquer le TDAH. On sait que celui-ci touche environ 5 % des enfants, faisant de lui le premier des troubles neuro-développementaux, et qu’il s’exprime par trois types de symptômes plus ou moins associés, selon la Haute Autorité de santé (HAS) : le déficit de l’attention, l’impulsivité et l’hyperactivité motrice. Il est fondé sur une réalité biologique récemment identifiée par les neurosciences. « Grâce à l’imagerie, on sait depuis dix ans à peine que la structure du cerveau est parfaitement normale chez les enfants concernés. En revanche, les aires cérébrales communiquent différemment entre elles », explique Luc Zimmer, du Centre de recherche en neurosciences de Lyon, INSERM-CNRS. « Mais pas de quoi faire de l’IRM le moyen de dépister un enfant », prévient-il, les résultats étant constitués de moyennes réalisées sur des cohortes. Et à l’image, aucune particularité significative n’apparaît sur un sujet isolé, ce qui n’aide pas à fixer la frontière entre le normal et le pathologique. Il est même souvent difficile de repérer clairement les symptômes eux-mêmes, du fait de leur hétérogénéité. Ainsi, les filles touchées par le TDAH auraient plus souvent un déficit de l’attention sans agitation, ou une impulsivité mieux maîtrisée par leurs compétences sociales. On passe donc facilement à côté, d’autant que les praticiens et les enseignants ne sont pas tous formés sur le sujet ni sensibilisés au dépistage.
Alors qu’est ce qui permet de faire la part des choses entre un comportement « normalement » insupportable et le véritable TDAH, de sauter finalement le pas pour obtenir un diagnostic et assurer un suivi ? « L’intensité et la durabilité des symptômes au-delà de six mois, entraînant une véritable souffrance chez l’enfant qui se sent rejeté, incompris et incapable de se conformer à ce qu’on attend de lui », explique Christine Gétin, présidente de l’association HyperSuper TDAH. Un état qui entraîne bien souvent une dévalorisation de soi, un stress, voire une dépression.