Extension du domaine de l'autisme

La prévalence de l’autisme ne cesse d’augmenter dans la population mondiale, si l’on en croit de nombreuses enquêtes épidémiologiques. A quoi attribuer cette évolution : une augmentation du nombre de cas ? Un meilleur dépistage ? Un élargissement des critères diagnostiques ? Enquête sur une étrange épidémie…

En Corée du sud, un enfant sur 38 serait autiste, soit presque un enfant par classe ! C’est ce que révèle une étude publiée en mai 2011 dans l’American Journal of Psychiatry (1). L’étude de Kim Young-Shin, du Yale Child Study Center, avec des collègues américains, coréens et canadiens porte sur un échantillon de 55 000 écoliers coréens de 7 à 12 ans : 2,64 % de la population d’âge scolaire, soit un enfant sur 38 donc, seraient atteints d’un « trouble du spectre autistique ».

Une autre enquête britannique, publiée au même moment, révèle qu’une majorité d’adultes atteints d'autisme en Angleterre ignorent qu’ils le sont ! L’étude dirigée par Traolach Brugha, de l'Université de Leicester, montre que la plupart des personnes pour lesquelles un diagnostic d'autisme a été posé n’ont pas été mises au courant (2). Les équipes médicales se sont dispensées d’en informer les patients, souvent des hommes marginalisés et victimes d’exclusion sociale. Mais cette marginalisation d’une partie des autistes pourrait indiquer, selon les auteurs, qu’une partie de la population autiste est ignorée des données statistiques puisque ses personnes ont rompu leurs liens avec la société.

Ces enquêtes s’inscrivent dans un mouvement de fond que l’on constate depuis une quinzaine d’années : l’augmentation continue du diagnostic d’autisme dans la population mondiale. Au début des années 2000, on a même parlé d’une inquiétante « épidémie » d’autisme dans les pays anglo-saxons. Tout a commencé en 1999. Une première publication sonne l’alarme: elle note une augmentation dramatique de 273 % du nombre du nombre de personnes atteintes d’autisme en Californie, entre 1987 et 1998 (3). De nombreux articles de presse ont alors évoqué une possible contamination due à des vaccins, notamment le ROR (rougeole-oreillons-rubéole), en s’appuyant notamment sur les études menées par le professeur Andrew Wakefield. Mais une enquête récente menée par un journaliste britannique a montré que ces travaux relevaient de l’escroquerie scientifique (4). Il reste que selon Irva Hertz-Picciotto, épidémiologiste de l'université de Californie, seule une infime minorité (10 %) des cas déclarés entre 1990 et 2006 pourraient s’expliquer par l’extension des critères diagnostiques. Elle n’écarte pas l’hypothèse que des produits chimiques puissent jouer un rôle.