Le petit Albert et le conditionnement de la peur
Watson et le béhaviorisme
(…) L’« expérience du petit Albert » est une des plus célèbres de l’histoire de la psychologie. De nombreux livres d’introduction à la psychologie la décrivent, l’accompagnant souvent d’une photo. Mais plus personne aujourd’hui ne consulte le manuel d’éducation de Watson, paru en 1928, et qui eut à l’époque une influence considérable sur l’éducation aux États-Unis. Ce manuel montre comment appliquer les idées soutenant les expériences faites avec le petit Albert et donc comment mettre en pratique les principes mêmes du conditionnement dit « béhavioriste ».
Le petit Albert et le conditionnement de la peur
De décembre 1919 à mars 1920, Watson, aidé de son assistante Rosalie Rayner, réalise des expériences de conditionnement avec un très jeune enfant, appelé Albert. Albert, qui est le fils d’une nourrice travaillant dans un hôpital voisin, est en bonne santé, n’est pas timide et fait preuve d’une bonne stabilité émotionnelle.
Tout d’abord, Watson constate que le nourrisson, âgé de presque 9 mois, exprime de la peur face aux événements qui le surprennent violemment. Si Watson se tient derrière lui et frappe soudain une barre de fer avec un marteau, Albert se met à pleurer de peur.
Quelques jours plus tard, à l’âge de 9 mois exactement, on présente au petit Albert un rat blanc, un lapin, un chien, un petit singe, du coton, des masques (avec barbe et sans barbe), et du feu (du papier enflammé sur un plateau de métal). Ses réactions sont scrupuleusement observées et notées. Le bébé s’intéresse à chacun de ces objets, essaie de les toucher, et ne manifeste aucune peur face à eux.
Deux mois plus tard, Watson commence ses essais de conditionnement avec Albert. Il choisit comme objet-stimulus un rat blanc, animal qu’il utilise souvent dans d’autres expériences. Il présente ce rat au petit Albert, qui s’y intéresse et s’en approche pour le toucher. Mais, juste au moment du contact, Watson, qui s’est placé derrière le petit Albert, frappe une barre de fer avec un marteau. L’enfant, surpris par ce bruit violent, retire sa main, puis tente de nouveau de caresser le rat. Watson frappe alors la barre de plus belle... et Albert se met enfin à pleurer. Une semaine plus tard, Watson réitère sa présentation du double stimulus « rat blanc-son violent », en frappant cette fois la barre à 5 reprises. Effrayé et confus, Albert pleure et cherche à s’éloigner du rat, démontrant ainsi qu’une réaction de peur a bien été conditionnée et qu’elle se produit à la vue du rat blanc.
Cinq jours plus tard, Watson vérifie l’état de ce conditionnement en montrant plusieurs objets au petit Albert, qui joue calmement avec des cubes. Lorsque Watson lui présente le rat blanc, il commence à pleurer et tente de s’enfuir en rampant. Mêmes réactions face à un lapin, à de la fourrure ou de la laine, et même, à la vue d’un masque barbu de père Noël. Sa peur du rat blanc s’est donc étendue aux animaux et objets poilus.
Cinq jours plus tard, Watson répète le test, et même si le petit Albert manifeste toujours une réaction de peur à la vue du rat blanc ou du lapin, elle est beaucoup moins forte. Pour renforcer la production d’une réaction de peur, Watson associe alors de nouveau les stimuli « rat blanc-son violent ».
Ayant effectué ces expériences dans une pièce plutôt sombre, Watson décide d’examiner les réactions du petit Albert dans un milieu différent. Là, il présente à l’enfant un lapin et un chien, accompagnés chacun d’un bruit violent. Puis, il l’emmène dans un amphithéâtre et le place sur une grande table où il pose un rat, un lapin, un chien et des cubes en bois : l’enfant réagit avec plus ou moins de peur ou de dégoût à tous les objets sauf les cubes en bois.