Extrait de l'ouvrage : Dépasser le passé - Se libérer des souvenirs traumatisants avec l'EMDR

« En cas de traumatisme majeur, ce que vous avez vu et ressenti, l’image, les émotions, les sensations physiques et les pensées, tout est encodé dans la mémoire sous sa forme d’origine, sans avoir été traité. »

Chapitre 2

L’esprit, le cerveau, et les choses qui comptent

Nous interagissons tous avec le monde qui nous entoure grâce à des cerveaux et des corps qui ont, d’une personne à une autre, davantage de ressemblances que de différences. La plupart des gens, par exemple, font tout leur possible pour leur famille et pour eux-mêmes. Pourtant, en dépit de ces points communs, des obstacles se présentent souvent. Nous comprendrons plus facilement les raisons de ces obstacles quand nous aurons exposé l’arrière-plan des procédures que nous allons étudier. Des facteurs génétiques entrent certainement en ligne de compte. Mais la façon dont on considère le monde et dont on interagit avec les autres est largement construite sur nos propres expériences individuelles ; celles-ci sont stockées dans des réseaux mémoriels, qui forment la base de nos perceptions, de nos attitudes et de nos comportements.

Ces réseaux relient entre eux les événements similaires. Par exemple, si on me demande de nommer plusieurs fruits, je peux le faire sans difficulté. Dans mon esprit, ils sont associés au sein d’un réseau mémoriel : pommes, oranges, poires, myrtilles... Si je vois une pomme, je la reconnais aisément comme un fruit parce que j’en ai déjà vu auparavant. Ce que je vis, à tout moment, se relie à mon réseau mémoriel de vécus antérieurs, de sorte que je peux y trouver du sens. Cependant, si un enfant n’a jamais vu de pomme, il peut ne pas savoir quoi en faire : c’est rouge, et c’est rond : c’est une balle ? La conscience que nous avons du monde extérieur, dans tous ses aspects, passe par nos cinq sens (vue, toucher, odorat, ouïe, goût) dans la mémoire de travail. Celle-ci se connecte ensuite automatiquement à tout un éventail de réseaux mémoriels cérébraux, pour nous permettre de comprendre ce que nous percevons.

C’est un processus permanent, chez tout le monde. Même les mots sur cette page doivent se connecter à vos réseaux mémoriels pour que vous puissiez comprendre ce que vous êtes en train de lire. Les gens que vous voyez, les personnes avec lesquelles vous êtes en rapport, toutes vos expériences du moment présent et les perceptions que vous en avez, tout se relie à vos réseaux mémoriels pour que vous puissiez y trouver du sens. À l’intérieur de ces réseaux mémoriels sont stockées toutes vos expériences antérieures. Les réseaux mémoriels sont donc la base de vos émotions, de vos pensées et de vos comportements du moment présent. Ainsi, vos réactions aux autres, et leurs réactions envers vous, sont tout autant fondées sur des expériences passées que sur ce qui se dit ou se fait dans le moment présent.

Pourquoi le temps ne referme pas toutes les blessures

Si nous nous coupons, notre corps cicatrise, sauf cas particulier. Si on supprime ce qui, dans la situation particulière, l’empêchait de cicatriser, le corps reprend le processus de cicatrisation. C’est pour cela que nous acceptons d’être incisé au cours d’une intervention chirurgicale : nous savons que l’incision va cicatriser.

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Le cerveau fait partie du corps. En plus des millions de réseaux mémoriels que je viens d’évoquer, nous avons tous, dans le cerveau, un mécanisme de guérison : le système de traitement de l’information. Il a la capacité de faire passer n’importe quelle perturbation émotionnelle à un niveau de santé mentale ou à ce que j’appelle un niveau de « résolution adaptée ». Il s’agit d’une résolution comprenant les informations utiles qui vont nous permettre d’être mieux à même de survivre. Le système de traitement de l’information est conçu pour faire des connexions avec ce qui nous est utile, et laisser tout le reste de côté. (…) Le cerveau est programmé pour remplir ce rôle. Quand un traitement de l’information a eu lieu sans interruption, le souvenir de l’altercation s’est en général connecté à des informations plus utiles déjà présentes dans votre cerveau. Il peut s’agir d’expériences antérieures que vous avez pu avoir, avec ce collègue ou avec d’autres. Vous pouvez par exemple dire maintenant : « Oh, il est comme ça, voilà tout. Et puis j’ai déjà vécu quelque chose de ce genre avec lui, et ça s’est bien terminé. » Pendant que ces souvenirs se connectent à l’incident désagréable, votre vécu de celui-ci se modifie. Vous apprenez ce qui peut vous être utile dans la dispute, et votre cerveau se débarrasse de ce qui ne l’est pas. Comme les émotions et les pensées négatives ne vous servent à rien, le cerveau les évacue. Mais ce que vous deviez apprendre subsiste, et maintenant le cerveau stocke le souvenir de l’événement sous une forme vers laquelle il pourra vous guider à l’avenir.