Rencontre avec Gérard Sabah, directeur de recherche au CNRS, responsable du groupe « Langage et cognition » du LIMSI.
Sciences Humaines : Comment se situe l'intervention de la linguistique dans le traitement automatique des langues ?
Gérard Sabah : Le traitement automatique des langues recouvre deux aspects différents. Le premier, ce sont les techniques d'utilisation de connaissances linguistiques pour rechercher des documents, aider à la traduction, faire du résumé de texte, etc. Cela revient à utiliser les techniques de l'analyse linguistique pour aider l'utilisateur à s'y retrouver dans des masses importantes de textes. La seconde approche est d'ordre plus cognitif, et ce qu'on essaie de faire relève plus de l'intelligence artificielle que de la linguistique. Cela consiste à voir s'il est possible de simuler sur ordinateur les mécanismes mis en jeu par l'homme lorsqu'il comprend un texte ou qu'il intervient dans des dialogues. Cela demande des collaborations beaucoup plus diverses, avec des linguistes, mais aussi avec des psychologues, qui nous proposent des modèles de fonctionnement de l'esprit. Enfin, les informaticiens essaient de voir comment implémenter ces modèles sur machine.