J.P.G. Martignoni-Hutin, sociologue à l'université Lyon-II, vient de réaliser la première étude française sur les joueurs de machines à sous. Il a donc interrogé 970 personnes dans dix casinos. Premier constat : les machines à sous sont un jeu «démocratique», car toutes les catégories socio-professionnelles s'y essaient. Par exemple, 20,5% des joueurs sont des ouvriers et 19% sont des cadres et professions intellectuelles supérieures. Ainsi, les casinos sont devenus, grâce aux machines à sous, des espaces de jeu populaires. Cela a d'ailleurs bouleversé radicalement l'atmosphère de ces établissements, puisque les machines à sous représentent 87,6 % de l'argent dépensé (contre 12,4 % pour les jeux de table).
Ces machines sont également un jeu à forte sociabilité. En effet, l'«initiation» se fait souvent avec des amis et à l'occasion des vacances. La majorité des joueurs le sont de manière occasionnelle (62%),
mais d'autres sont plus assidus, certains jouant même tous les jours (6%).
Le sociologue n'a pas demandé aux personnes
la somme qu'ils jouaient,
à la fois pour des raisons éthiques et méthodologiques (risques d'obtenir
des réponses biaisées).
Il a cependant découvert
que les trois quarts se fixent une somme à ne pas dépasser chaque fois qu'elles viennent jouer...
Décision parfois battue en brèche.
A noter que s'il est exact
que l'argent est une motivation importante des joueurs, elle n'est assurément pas la seule. Certains viennent simplement pour s'amuser et passer le temps. Trois joueurs ont même affirmé qu'ils jouaient pour perdre !
Références
J.P.G. Martignoni-Hutin, « Caractéristiques et motivations des joueurs de machines à sous », document CNRS, université Lyon-II, janvier 1998.